LA TRANSITION        

Cette page a été écrite en 1998. Des faits nouveaux peuvent avoir fait changer ces appréciations qui étaient justes à cette époque.

A la mort de Franco le 20 novembre 1975, et pour respecter les dispositions légales qu’il a laissées en héritage, la monarchie est rétablie. Le petit-fils d’Alphonse XIII devient JUAN CARLOS 1er de BORBON y BORBON. ARIAS NAVARRO reste chef de gouvernement, mais tout de suite de sérieux incidents éclatent. Des grèves se généralisent dans tout le pays et des manifestations monstres en faveur de l’amnistie. Il y a des morts dans ces manifestations et notamment deux étudiants, et ensuite deux gardes civils. L’Espagne teste le nouveau pouvoir, elle veut savoir jusqu'où elle peut aller. Le pays, jusqu’alors de tous les extrêmes, va-t-il se replonger dans le chaos ? Les nostalgiques du franquisme et ceux de l’ordre, regardent les images de ces manifestations à la télévision avec inquiétude: Va-t-on replonger dans l'anarchie? Mais ARIAS NAVARRO démissionne. Juan-Carlos le remplace, en juillet 1976, par Adolfo SUAREZ qui devient Premier ministre à 44 ans. Le Roi et SUAREZ, fondateur de l’U.C.D. aidés par les libéraux et la démocratie chrétienne, réussiront la tâche extrêmement difficile de mener à bien une transition douce vers la démocratie.

En 1977, soit deux ans pour préparer l'opinion publique musardée pendant quarante et la préparer à l' apprentissage de la démocratie, dix partis politiques sont légalement reconnus. Le Roi et le Gouvernement commencent à céder du terrain sur les Autonomies Basques et Catalanes.(les autres suivront au fil des années) Le Parti Nationaliste est pratiquement dissous. Les premières élections au suffrage universel sont organisées. l’U.C.D. gagne les élections et Adolfo SUAREZ reste Premier ministre. L’Espagne est-elle encore sous l’effet de la mentalizacion franquiste ou hésite-t-elle encore à se lancer dans l’aventure de la gauche ?

En 1978, la nouvelle Constitution est approuvée par 88 % des espagnols.

En 1980, le Pays Basque et la Catalogne deviennent des régions autonomes.

1981, Leopoldo CALVO SOTELO succède à SUAREZ qui a démissionné. L’U.C.D. s’effondre rapidement.

C’est cette année que le colonel Tejero fait une tentative de pronunciamiento qui ne durera que quelques heures. Visiblement des généraux ont fait marche arrière (Ils se sont dégonflés dirait-on maintenant) L'Espagne, mais surtout les médias du monde entier attribuent son échec au sang-froid du roi Juan Carlos qui sut appeler et obtenir le bon sens de la majorité des dirigeants espagnols.
J'ai, sur ce point, une opinion différente, mais elle n'engage que moi et peut ne pas être prise pour de l'argent comptant. Je pense que les hommes politiques de l'époque (et ceux qui les ont suivis) comprirent ce jour qu'il leur fallait une personne qui représente cette Espagne dans toute sa diversité. Et cette personne ne devait, ne pouvait pas être un élu puisque, qui dit élu, dit opposition. Qui mieux que le roi? Et le roi devint le fédérateur autour duquel se font les approches de consensus. Mais non pas à cause de son charisme, si non du sentiment de danger permanent né de ce pronunciamiento avorté. En somme, le couvercle de la poudrière!
Il faut reconnaître que le roi fait très bien son métier de roi: il marie une fille au Pays Basque, une autre à Barcelone, son fils est Prince des Asturies, il a une résidence aux îles Baléares et ne néglige aucune région; Il ne laisse paraître aucune différence dans ses relations  avec les Premiers ministres  qu'ils soient de droite ou de gauche; son couple donne une image de sérénité durable; il est catholique pour donner, là aussi, une image de stabilité et de continuité pour l'Espagne catholique sous Franco et enfourche régulièrement une moto et se promene incognito, participe à de nombreux sports pour celle de modernisme capable  de s'attirer l'adhésions des jeunes. Le Prince suit, lui aussi, sa ligne de conduite laissant paraître qu'il est un bon apprenti de Roi.

En 1982 l’Espagne bascule à gauche et elle y restera pendant 14 ans . Le "troisième front" obtient sa première victoire électorale. Le 28 octobre 1982, le PSOE-PSC obtiennent 202 sièges sur 350. Felipe GONZALEZ MARQUEZ est investi des fonctions de Premier ministre. La transition est finie? On pense que la démocratie est enfin acquise. Il reste pourtant une verrue en pleine face de cette nouvelle Espagne : l’E.T.A. Ce groupe terroriste qui naquit en 1959 sous la dictature franquiste, se crut certainement investi d’une mission sacrée et héroïque puisqu’elle fut largement encouragée à ses débuts par l’opinion espagnole et internationale. Une opinion internationale prête à encourager n’importe qui et n'importe quoi qui s’attaquerait à Franco . En l’an 2000 tous ceux qui encouragèrent l’E.T.A. et en particulier les médias, sont en partie responsables de centaines et de centaines d’innocents assassinés.

Pour constater que l’Espagne reste un pays d’extrêmes, il suffit de regarder l’incroyable bond en arrière, qu’elle a fait en matière de Régionalismes.
Alphonse XIII disait régner sur 21 millions de rois, les chiffres et les chiffres seuls ont changé. A l’heure de la construction de l’Europe, qui est passée de 9 pays à 15 et où on parle d’élargissement, l’Espagne s’est scindée en régions autonomes. Mais le nom « d’Autonomies » qu’elles ont prises est-il vraiment le nom qui convient ?
A la télévision, un soir d’élections, on pouvait être effrayé par le ton employé par un vainqueur. Celui-ci parlait de sa région, la Galice. Il ne disait pas « ma région », il disait « mon pays », el « PAISO GALEGO » Il parlait d’ailleurs en galicien. On sentait dans cet homme une détermination qui l’aurait fait transpercer le cœur de quiconque aurait contesté ses termes.
Et pourtant, la Galice fait partie des régions « modérées ». L’E.T.A., encouragée par le double langage des politiciens basques toujours en quête des bulletins de votes et ménageant la chèvre et le chou, continue ses actes de terrorisme et le nombre de morts dépasse le millier. Elle ne demande pas « l’autonomie », elle demande « l’indépendance »

La Catalogne interdit la langue espagnole aux élèves -elle l'appelle d'ailleurs avec mépris "le castillan"- dans les écoles jusqu'à l’âge de dix ans ; les fonctionnaires sont recrutés sur concours en catalan ; les membres de l’enseignement doivent obligatoirement être catalans. Dans chaque région, les noms des villes, des rues, toutes les enseignes ont été changées dans les langues régionales. Les imprimés officiels sont écrits dans les deux langues, mais le seront-ils toujours?
Et on est arrivé à la situation paradoxale où les enfants de catalans devant changer de région pour leur travail, se trouve dans l’obligation d’apprendre une langue comme s’ils se rendaient à l’étranger.

La langue est un des facteurs les plus importants d’incompréhension entre les peuples, en Espagne on l’a recréé entre espagnols!
Le troisième millénaire et le Moyen-Age se côtoient sous la revendication agressive de modernité.