Guernica..........et Belchite
(pour être justes lisez
cette page jusqu'au bout )
....
Guernica peu après les bombardements.
Photo B. Michal Guernica une vue d'ensemble. La guerre
dans toute son horreur. Photo de droite Belchite après le passage des
républicains
.............Les
Nationalistes poursuivent leur avance. A OCHANDIANO, les Basques avaient battu
en retraite, mais à ELGETA, ils sont en train de réussir leur
résistance. C'est alors que la C.N.T. retire deux de ses bataillons du
front et ceci pour faire pression sur le Gouvernement Basque afin d'y placer
quelque uns de ses hommes. Atteints au plus profond de leur moral, les Basques
évacuent leurs tranchées dans un silence de mort. Les troupes
nationalistes de MOLA vont pouvoir avancer.
Et c'est à ce moment que se produit l'événement le
plus controversé de toute l'histoire de la guerre civile espagnole. Le
nombre de morts pour chaque événement varie considérablement
suivant les opinions politiques des auteurs où des sources d'informations,
mais l'exemple qui illustre parfaitement ce que je viens d'écrire, c'est
le bombardement de GUERNICA! J'ai lu une bonne dizaine de sources sur ce sujet,
le nombre de morts varie de 30.000 (sur une revue dite "catholique"
en France)en commençant par le pire à ....156 victimes pour le
meilleur (Paradoxe! dans un hebdomadaire à sensation en Espagne, pourtant
à tendance anarco-gauchiste). Une différence de 29844 personnes
pour un drame aussi connu.
L'ouvrage La guerre d'Espagne de Hugh Thomas fait référence et on " sent " que beaucoup s'en sont inspirés. On retrouve ses chiffres et sa version des faits dans pratiquement tous les documents que j'ai consulté avec de toutes petites variations. Eh bien voilà ce qu'il raconte sur GUERNICA :
Le dimanche 26 avril 1937, comme tous les dimanches, était le jour du marché. A quatre heures et demi (16h30) les cloches sonnèrent pour annoncer un raid aérien. A cinq heures moins vingt, des Heinkel 111 apparurent et commencèrent à lancer des bombes et mitrailler les rues. Ils furent bientôt suivis par des Junker 52, que la guerre d'Espagne a rendu si tragiquement célèbres. Des gens se mirent à courir pour gagner la campagne. Les bombardiers les poursuivirent en les mitraillant ; des vagues d'appareils se succédant à vingt minutes d'intervalle lancèrent jusqu'à huit heures moins le quart des bombes incendiaires, d'un poids atteignant parfois 500 kilos, et des bombes explosives. Le centre du village fut complètement détruit et brûlé. Il y eut 1654 morts et 889 blessés. Cependant le parlement Basque et le chêne fameux ne furent pas touchés. Les faits, tels qu'ils sont rapportés ici, ont été attestés par toutes les personnes qui étaient présentes, y compris le maire de la localité. Le gouvernement basque les a confirmés, ainsi que tous les partis politiques, des anarchistes aux républicains.
Puis il cite les correspondants de plusieurs journaux qui avaient visité les lieux le soir même et le témoignage de vingt prêtres, dont neuf présents à GUERNICA, qui auraient écrit au Pape pour lui faire connaître leurs versions des faits.
Mais si beaucoup ont reproduit (on les retrouvent dans la plupart des encyclopédies) les chiffres de Huhg Thomas, ces chiffres sont contestés. Voici la plus sérieuse version:
En 1976 Cástor de
Uriarte dans son livre "Bombas y mentiras sobre Guernica"
accusait: Guernica
est devenu un immense sujet commercial.
Et il continuait : "en raison de ma charge, j'ai été
un des principaux témoins de la tragédie. J'ai écrit ce
livre pour répondre aux mensonges ou aux inexactitudes que l'on a répandu
sur Guernica." – Puis il attaquait principalement le livre
"El día que murió Guernica" (je
ne citerai pas le nom des auteurs)
: -"50 % de ce qu'ils disent est faux. On n'a pas le droit de faire un
roman de suspense en trompant les gens et tirer de gros bénéfices
sur le compte du malheur des "guerniqueses"
Cástor était l'architecte au service de
la ville en 1937. Selon les arrêtés municipaux, cette fonction
était liée à celle de chef des pompiers. C'est donc lui
qui dirigea l'équipe de pompiers chargée d'éteindre l'incendie.
C'est aussi lui qui demanda l'aide des pompiers de Bilbao.
-"Ce 26 avril, à 16 heures 30, j'étais
en rendez-vous de chantier avec quelques entrepreneurs quand un premier avion
lança trois ou quatre bombes après que les cloches de l'église
eurent sonné pour prévenir la population. Ensuite nous avons vu
apparaître 16 avions en ligne. J'ai eu la chance de pouvoir arriver à
un petit refuge que j'avais construit dans mon jardin. Le bombardement a duré
trois heures et quart. Dés que j'ai pu sortir, j'ai constaté avec
stupeur que la fabrique d'armes était intacte ainsi que le "fameux
chêne de Guernica". Après les bombes, ce furent des avions
de chasse qui mitraillèrent les gens qui fuyaient la ville"-
(1)
Cástor de Uriarte ne donne pas de précisions
sur le poids des bombes. Sur le nombre de blessés, il dit que leur nombre
n'était guère calculable puisqu'ils furent répartis dans
les différents hôpitaux des villes les plus proches et que personne
ne pensa alors à les comptabiliser. Mais il dénonce les chiffres
"exagérés" de "presque" tous les auteurs :
-" Huhg Thomas dit qu'il y eu 1654 morts
et 889 blessés, mais j'ai fait des recherches approfondies en recoupant
les registres civils et ceux des églises et j'en suis arrivé à
250. Quand aux blessés, il est pratiquement impossible d'avoir un chiffre
exact"-
Cástor, après avoir dit qu'il avait entendu Franco affirmer à
la radio que Guernica avait incendiée "par des rouges
séparatistes" qui n'avaient pas le droit d'employer le mot Patrie
ajoute : -" ce fut le plus gros mensonge qu'on
ait entendu de toute la guerre et il est mort sans avoir reconnu cette calomnie
! "-
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La controverse commence
dès le lendemain, puisque le chef de la propagande nationaliste annonça
que GUERNICA avait été détruite par les Basques
eux-mêmes et qu'aucun de leurs avions n'avait pris l'air le 27 avril.
(Ce qui pouvait être vrai puisque la ville avait été détruite
le 26 !)
Longtemps les Nationalistes vont nier les faits, les rejetant sur les Basques
qui auraient aggravé la situation en incendiant la ville pour susciter
l'indignation mondiale et ranimer l'esprit de résistance.
Guernica après les bombardements. Longtemps
les nationalistes nieront les faits, disant que les basques auraient incendié
les maisons pour susciter l'indignation mondiale. Leur argument: les maisons
ne restent pas debout après un bombardement.
Il est cependant
bien admis de nos jours, que le bombardement eut bien lieu, dans toute sa puissance
et non aggravé par les Basques. Seule excuse pour les nationalistes :
les pompiers, qui venaient de Bilbao, tardèrent de longues heures à
arriver, puis, devant l'ampleur de l'incendie, ne purent absolument rien faire
et le feu continua à se propager.
La responsabilité de sa gravité est surtout à rejeter sur
les Allemands. En 1946 GOERING, lui-même avouera que GUERNICA avait été
un terrain d'expérience pour la Luftwaffe pour étudier les réactions
de la population sous des bombardements intensifs.
Il faut aussi rappeler que GUERNICA comptait à cette époque 7 000 habitants. Le chiffre de 30 000 morts est invraisemblable.
Le Gouvernement Républicain avait demandé quelque temps auparavant à PICASSO de peindre une fresque pour stigmatiser les horreurs de la guerre. Il se servit de ce thème pour mener à bien cette commande. Juan Eslava Galan assure que Picasso demanda 200 000 francs (de l'époque) au gouvernement républicain pour le tableau. Si cette affirmation est vraie, il y a de quoi se dégoûter du monde!
Cependant.......Cependant, et bien que les horreurs des uns n'effacent en rien les horreurs des autres, il aurait très bien pu prendre comme exemple -entre autres- la petite ville de BELCHITE, l'Oradour sur Glane espagnol, en Aragon où les Républicains ne laissèrent que des ruines fumantes et 6 000 morts.
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Photos de Belchite
Belchite. Un aperçu de
la ville après les attaques des Républicains. De 5 000 habitants
que la ville comptait avant le passage des républicains, il n'y en a
encore que 1 800 en 2003. La ville avait du être reconstruite sur un autre
site.
Des habitants de Belchite défendant leur
ville (auteur inconnu) Cette photo a été contestée par
un visiteur (les armes ne correspondraient pas). C'est possible puisque je ne
connais pas l'auteur. Toutefois la présence d'un marocain semble en acréditer
l'authenticité
A BELCHITE
il y avait 2 000 soldats nationalistes pour défendre la ville,
et il y eu aussi des victimes côté républicain, mais à
la fin de cette tragédie on compta 6 000 morts. Deux cents personnes
seulement avaient réussi à s'échapper et rejoindre le camp
nationaliste.
Grâce à Picasso, le monde entier connait
Guernica. Guernica est devenu le symbole de l'horreur fasciste en Espagne, mais
aviez-vous entendu parler de Belchite? ........
Il faut aussi rappeler qu'André
Malraux était chef d'escadrille dans l'aviation républicaine.
L'allemand SPERRLE, " l'architecte" de GUERNICA sera jugé comme
criminel de guerre; Malraux, deviendra ministre de la Culture dans le gouvernement
de De Gaulle. No comment !
Il y eu un autre cas, très près
de chez mes parents, à Quinto de Ebro, qui fut "libéré"
par la Brigade Abraham Lincoln et où, sur une population de 2751 personnes
il n'en resta que 1600. 160 ayant été tuées sur place,
d'autres blessées, d'autres emmenées dans des camps de concentration.
Quelques unes ayant quand même réussi à fuir..... se dirigèrent
vers les "nacionales".
J'ai lu la bataille racontée et par un membre de la Brigade pour les
"libérateurs" et un vieux paysan local pour les défenseurs:
Edifiant!
L'américain brigadiste raconte qu'après des lourdes pertes et des dures batailles contre les troupes franquistes, ils étaient entrés à Quinto en libérateurs et les femmes sortaient des maisons pour leur baiser les mains en signe de reconnaissance. Le vieux paysan local, lui, raconte qu'une population déjà terrorisée par les tirs des républicains - qui occupaient la rive gauche de l'Ebre et qui tiraient déjà depuis des semaines sur tout ce qui bougeait (ils tuèrent, entre autres une fillette de 11 ans et une autre de 10 qui s'en allaient à l'école leurs cartables sur le dos) était défendue par une poignée de soldats dans une "paridera" (bergerie) à l'extérieur du village et qui furent les premiers a être tués. Les villageois se défendirent alors avec des fusils de chasse, des fourches, des pierres, maison par maison pour finir dans l'église que les brigadistes incendièrent pour les en faire sortir. Ce n'est pas la même version! Et il est difficile de croire que les femmes allaient baiser les mains de ceux qui tenaient encore le fusil qui venait de tuer un fils, un mari, ou autre membre de la famille! Si ce geste s'était vraiment produit, n'était-ce pas plutôt pour les supplier de les épargner?
(1)J'ajouterais,
pour ma part, qu'Huhg Thomas fait quand même une petite erreur : j ai
connu les Junker 52 pendant mon service militaire, c'étaient des avions
lourds, lents, peu manoeuvrables. Je ne vois pas comment ces avions auraient
pu poursuivre les habitants qui fuyaient. Castor de Uriarte a donc raison de
dire que ce furent des avions de chasse qui les mitraillèrent.