L'Espagne de l'an 2000

Et la situation actuelle en Espagne ?

L’Espagne de l’an 2000 est une monarchie parlementaire de 41 millions d’habitants (en 2000) et le roi en est don Juan-Carlos 1er, un BOURBON , et même deux fois BOURBON. Le roi ne s’appelle-t-il pas Don Juan-Carlos 1er de BORBON y BORBON ? .Elle accueille plus de quarante millions de visiteurs par an ce qui en fait le troisième pays le plus visité au monde. Elle dispose d’une très bonne infrastructure et attire les investissements étrangers. En 1997 ils s’élevaient à 2 560 milliards de pesetas. Bien située géographiquement, c’est une bonne plate-forme pour l’exportation vers les pays du sud de l’Europe et de toute l’Amérique du sud avec qui elle partage sa langue et sa culture. Elle est devenue la dixième puissance économique mondiale et le 15ème pays exportateur ; le troisième pays producteur d’automobiles d’Europe et cinquième dans le monde et elle figure dans les 10 premiers constructeurs mondiaux en ce qui concerne les chantiers navals.

En ces débuts de ce troisième millénaire, plus de soixante ans se sont écoulés sans aucune guerre, ni aucun conflit majeur, ce que le pays n’avait jamais connu auparavant. Il n’y a eu qu’un semblant de tentative de pronunciamiento avorté, œuvre du colonel TEJERO et de quelques militaires, le 23 février 1981.

En matière de modernité, une fois encore, les Espagnols montrent que leur extrémisme est toujours là. Ils sont passés d’un extrême à l’autre. Pour ne citer que quelques exemples : la drogue douce est en vente libre ; il n’est pas rare de voir des jeunes espagnols se piquer dans la rue ; le délai d’avortement qui est de 10 semaines en France, est de 12 semaines en Espagne. (Le comble ! les jeunes filles françaises ayant dépassé les délais légaux, vont se faire avorter à Barcelone) Il est tout à fait courant de voir les espagnoles les seins nus sur les plages et les jeunes filles s’en vont passer les week-ends avec leur petit ami, ou cohabitent avec leur fiancé, ce qui était impensable quelques décennies plus tôt. Autre comble au pays des machos!
Je pourrais citer quelques exemples dans l’autre sens : les jeunes filles ayant perdu leur virginité de façon notoire, étaient vouées au célibat, aucun jeune homme ne voulant endosser une fille de "seconde main" Un père aurait étranglé sa fille s’il l’avait trouvée en "mauvaise positon " avec un petit ami, alors qu’il ouvre largement la porte de sa chambre maintenant
La culture machiste dans le sens de propriété et exclusivité sexuelle de l’homme sur "sa" femme, héritée certainement, du séjour des arabes en Espagne serait-elle révolue ?
Dans tout ça une partie de la jeunesse a perdu tous ses repères. Après la "route de la morue" qui faisait une hécatombe sur les routes chaque fin de semaine, les jeunes organisent les tristement célèbres "botellones" , grandes beuveries collectives, où les jeunes se réunissent en apportant chacun leurs boissons et boivent jusqu'au coma éthylique. Il y a chaque fois des morts. Ensuite ils laissent les lieux dans un état qui laisse toute l'Espagne stupéfaite, consternée et dégoûtée par ce spectacle de désolation. J'ai pu en constater un et c'est pire que si un ouragan était passé par là. Toute sorte de nourriture jonche le sol, les sacs et les emballages plastics s'envolent dans les environs, mais le pire ce sont les tessons de bouteilles. Car ils ne se contentent pas de les laisser sur place, ils les cassent rendant encore plus difficile un nettoyage qui est fait par des employés municipaux. Ces botellones sont de plus en plus fréquents et réunissent de plus en plus de jeunes (jusqu'à 30 ou 40 000) et de plus en plus jeunes malgré l'interdiction pour les mineurs.

Franco est mort deux fois, physiquement et historiquement. Actuellement, il a bel et bien perdu "sa " guerre.
L’Eglise espagnole aussi a perdu pas mal de combats.Elle n’a pratiquement plus aucune influence ni aucun pouvoir, ni sur la politique et les politiciens, ni sur le pays en général. Elle est pratiquement inexistante. Les églises, pleines jusqu’en 1975, date où les œuvres artistiques "subversives" ne pouvaient passer la frontière que sous le manteau, se sont vidées depuis l’arrivée de la "democracia" et la "liberté" de la presse. La vie moderne, l’individualisme et la société d’abondance ont fait le reste. Les jeunes les ont désertées et il ne reste plus que des personnes d ‘un certain âge sur qui la pression de la rue n’a que peu d’influence. On se demande d’ailleurs pourquoi les successeurs du troisième front s’acharnent encore sur elle et pourquoi encore toute cette haine.
Et il y a quelque chose qui pourrait prêter à sourire si le sujet n’était pas aussi grave : Si en l’an 2000 on devait massacrer les "riches" et les "bourgeois" tels qu’ils étaient considérés en 1936, c’est à dire avec les mêmes mesures, les mêmes critères, il ne resterait vraiment pas beaucoup d’espagnols en vie en Espagne ! !

Pourtant le troisième ennemi est toujours là. Il est même très présent. Dans le secret de l’isoloir et l’anonymat de l’enveloppe qu’il va déposer dans l’urne, l’espagnol ne subit plus de regards réprobateurs ni le terrorisme intellectuel. Il ne craint pas être traité de "facha"et il s’exprime. Aux dernières élections du siècle, le 12 mars 2000 le P.P. parti de droite de José-Maria AZNAR était sorti largement vainqueur. Il avait obtenu 183 sièges contre 125 au Parti Socialiste et 8 sièges à I.U.(gauche unie) version moderne du P.C. La démocratie serait-elle enfin vraiment effective ? Les Espagnols seraient-ils enfin devenus adultes ? Les nouvelles générations seraient-elles plus modérées ?
Il est vrai que la droite moderne, marquée par le terrorisme intellectuel, fait tout ce qu’elle peut pour qu’on oublie la droite du passé, celle qu’on associe au franquisme et à la dictature. (José-Maria AZNAR défila en tête de cortège d’une manifestation en faveur de l’extradition de PINOCHET et leurs lois se veulent plus "démocratiques" et sociales que celles de la gauche. Cette gauche qui, d’ailleurs, s’était enfoncée dans la boue de magouilles en tous genres dans les années où elle avait été au pouvoir.

Par rapport à l'état du pays en 1936 et celui de la post-guerre (qui dura jusqu'aux années 1960/1970) c'est un retournement complet de situation.
Alors que des centaines de milliers d'espagnols (voir des millions)sont disseminés à travers le monde, contraints par la guerre et l'après guerre jusqu'aux années 1960/1965, à s'exiler pour manger à leur faim, des centaines de milliers d'immigrants arrivent chaque année en Espagne. Pour -presque- toute l'Amérique du Sud, elle est devenue l'Eldorado. Ironie du sort, on pourrait dire que l'Espagne est devenue le Pérou! Pratiquement tous les ouvriers du bâtiment sont, soit Péruviens, Guatémaltèques, Boliviens, Dominicains, Argentins et autres. Il en est de même avec les femmes de ménage. Les travaux agricoles sont exécutés par des Marocains ou de ressortissants de l'Afrique noire.

En 2003 d'après le Courrier International, 18 160 personnes ont été interceptées sur les côtes andalouses; 5 500 ont été secourues et hébergées dans des centres. 120 corps sont venus s'échoir sur les plages, mais la majorité des noyés  disparaissent en mer sans laisser de traces et sans que les familles osent demander des nouvelles aux autorités de leurs pays respectifs. Les marocains doivent payer la somme exorbitante de 1000 dollars pour traverser détroit sur d'infames "pateras" qui, surchargées, coulent à la moindre vague; les Noirs doivent payer le double parce qu'ils sont considérés plus dangeureux. D'ailleurs, les passeurs demandent aux marocains de les attacher et ils coulent sans pouvoir se mouvoir. Mais avant le péril de mourir noyés en mer, beaucoup d'entre eux ont déjà été tués dans les bois où ils se cachent près des côtes, par des marocains qui savent qu'ils ont vendu tous leurs biens pour payer les ignobles "passeurs". L'Espagne s'est dotée de toutes sortes d'appareils sophistiqués pour essayer d'arrêter cette immigration sauvage, mais tous ces gens préfèrent braver les dangers et même la mort pour sortir de leur misère.

Et nous, émigrés espagnols, qui avons subi presque tout cela et qui  le contemplons loin de notre patrie, avons le coeur serré, saisis d'une immense tristesse, étrangers que nous sommes dans nos pays d'accueil, étrangers en Espagne, étrangers partout. La folie des politiciens, nous la subissons encore 70 ans plus tard

 

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