Las checas (les tchekas)
Félix
Dzerjinski
En Espagne et en 1936 (et même avant), l’horreur allait
dépasser l’entendement et les Tchékas en sont la plus parfaite
illustration.
Longtemps les différents ministres d'Azaña, nommés en quelques
heures, avaient hésité à distribuer les armes au peuple.
Ils n’avaient pas tort ! Le pouvoir de la rue allait plonger l'Espagne
dans l'horreur. Une véritable boucherie ! Dès le 19 juillet ces
tchékas (appelées ainsi par référence à la
commission extraordinaire du russe Félix Dzerjinski) étaient
organisées et mises en place. La plupart d'entre elles sont infiltrées,
tenues ou dirigées par des prisonniers de droit commun libérés
par les républicains. Ces gens, et ceux qui vont s'y joindre, vont plonger
l'Espagne dans l'horreur et la terreur : Ils vont dénoncer, perquisitionner,
piller, voler, torturer, juger et tuer en toute impunité. Il n'y a pas
d'état de droit. La droite est anéantie et se terre et le gouvernement
de gauche, que l'on qualifie de gauche "bourgeoise", n'a plus aucun
pouvoir.
Il n’y a plus de pouvoir ni de droite ni de gauche, mais celui d’une
horde de criminels et de bandits qui disent chasser le "fasciste "
et débusquer "l’ennemi". Il y a là, avec les prisonniers
de droits communs libérés, des hommes et des femmes fanatisés,
remplis de haine. Il y a des prostituées, des ouvriers du bâtiment,
des cireurs de chaussures, des coiffeurs, des bouchers, mêmes quelques
curés défroqués. Tous semblent avoir quelques revanches
à prendre sur la société ou des comptes à régler.
Ces bêtes fauves (Ce nom et adjectif ne sont pas appropriés parce
que les bêtes fauves tuent pour se nourrir) étaient pourtant quelques
jours auparavant des gens "ordinaires" qui ne se distinguaient en
rien des autres. Ils sont devenus des criminels sadiques jouissant des souffrances
et de la mort des autres.
Chaque parti va avoir ses tchékas. Les tchékas se sont-elles affiliées à des partis ou ce sont les partis qui ont créé les tchékas ? De toute façon, il y en aura des communistes, anarcho-syndicalistes, des socialistes, trotskystes, du parti radical et même des basques. Il y en aura jusqu’à 220 à Madrid, 43 à Barcelone et 55 à Valence (ville et province). A la fin de la guerre 17 000 personnes auront été assassinées à Madrid en dehors de tous combats. Barcelone une moyenne de 50 morts par jour (Simone Weil en témoigne aussi) avec un total d’environ 5 000 personnes et Valence se distinguera pour la quantité de morts et sa barbarie surtout avec le clergé et les croyants.
Dans les tchékas qui vont particulièrement
se distinguer on peut citer celles de Narvaez, de San Bernardo (une tchéka
avec un nom de saint ?!) qui s’installera dans l’église,
celle du cercle libertaire de las Ventas, de la gare d’Atocha, Celle qui
s’installera dans le cinéma Europa, ou encore celle de Guindelera,
mais il ne faut surtout pas croire que la cruauté se limitait à
celles-ci, les autres les suivaient de près. Et dans ces lieux, où
l’enfer paraîtrait le paradis, les "suspects" vont être
frappés souvent à mort, brûlés au fer rouge, violés,
humiliés, on leur arrache les ongles ou on enfonce des aiguilles dessous.
S’ils sont chrétiens -et c’était la grande majorité-
on leur fait avaler des chapelets ou on leur enfonce dans les oreilles, dans
la gorge, et quand les malheureux sont pratiquement morts, ils sont achevés
d’une balle dans la nuque. Pour parachever la besogne, les assassins,
qui ont préalablement pillé leurs maisons, se partagent leurs
biens.
En parenthèse prenons une discussion qui, plus de 70 ans plus tard, est
toujours d'actualité. Les ministres concernés étaient-ils
au courant ou ne l'étaient-ils pas comme ils l'ont toujours prétendu.
La droite dit que, pour que ces tchékas commencent leur besogne dès
le 19 juillet, elles étaient forcément organisées d'avance
et tout aussi obligatoirement, structurées par les partis politiques
et les syndicats. Il est difficile de croire que tous ces morts qui jonchaient
les rues tous les matins, les disparitions de tant et tant de personnes, les
mises à sac des logements et la présence de 220 tchékas
dans la capitale puissent passés inaperçus aux yeux et aux oreilles
du gouvernement. Reste à savoir dans quelle mesure il aurait pu les contrôler
ou les empêcher s'il en avait eu l'intention. Une petite précision
quand même: le ministre de l'Intérieur du moment, le général
Sébastian Pozas Perea était communiste et le ministre de la Justice
Manuel Blasco Garzón était un maçon ( en France franc-maçon)
particulièrement sectaire. Il a été dit aussi que Manuel
Azaña pouvait voir tous les matins, par les fenêtres de sa résidence
à la "Casa de Campo", les assassinats qui étaient commis
dans la cour et qu'il en fut malade.
Au bout de quelques temps, le gouvernement va vouloir maitriser cette boucherie.
Angel Galarza, ancien directeur général de la Sécurité
et le nouveau Manuel Muñoz Martinez créent des tchékas
officielles pour remplacer les autres. On serait tenté de dire : Bravo
! Enfin on va juguler ce massacre. Ce ne va pas être le cas. Pour cela
il faut connaître ces hommes et Angel Galarza en particulier. Ses interventions
dans l’élaboration de la Constitution en 1931 démontrent
son caractère, mais cette autre phrase la précise : - sur
la mort de Calvo Sotelo j’ai un grand regret…..le regret de ne pas
y avoir participé ! – Ces nouvelles tchékas continuent
à être dirigées par des gens issus du grand banditisme,
dont un en particulier sorti directement du bagne. Les "tribunaux"
"jugent" 24 heures sur 24 et 2000 morts vont venir s’ajouter
à la liste déjà longue. Au mois de novembre, les chefs
de ces dernières tchécas remettront deux pleines caisses d’or
au gouvernement et presque 500 caisses de bijoux et objet précieux. Et
combien dans leurs poches ? (Enfin "poches" c’est une façon
de parler !) D’ailleurs plusieurs d’entre eux seront quand même
arrêtés par leurs "amis" républicains et fusillés.
Ce sera le cas pour Elviro Ferret Obrador en avril 1938. Ce brave antifasciste
tentait de s’enfuir vers la France emportant avec lui un chargement d’or
et des tableaux de maître. Ce sera surtout le cas pour Agapito García
Atadell, chef d’une tchéka forte d’une cinquantaine de personnes
(certains disent celle de brigade d’investigation criminelle,
d’autres la brigade de l’aube. Je penche pour cette deuxième)
qui se distinguera par son extrême cruauté. En fait, cet ancien
typographe, affilié au parti socialiste, sera qualifié par les
gauches espagnoles comme la honte de la République. Lui-même et
ses hommes emmenaient les hommes "a dar un paseo", à
l'aube comme le nom de la brigade l'indique, promenade de laquelle ils ne revenaient
pas. Ensuite ils violaient les femmes et les filles et mettaient les habitations
à sac, emportant tout ce qui pouvait avoir de la valeur.
Au mois de novembre, García Atadell voyant que les troupes de Franco
s’approchaient dangereusement de Madrid, décide de s’enfuir
avec ses deux lieutenants et un important magot évalué à
25 millions de pesetas de l’époque. Après être
parvenu jusqu’à Marseille sous une fausse identité, il s’embarque
vers l’Amérique du Sud.
Sur Wikipédia en espagnol, on trouve une information qui me laisse sceptique.
Malgré toutes mes recherches sur la guerre d'Espagne, je n'en avais jamais
entendu parler ! Enfin pourquoi pas après tout! García Atadell
aurait été dénoncé aux franquistes par Luis Buñuel
(??) par l'intermédiaire de l'ambassadeur de la République et
comme le bateau faisait escale à Santa Cruz de las Palmas, ils en profitèrent
pour l'arrêter.
Je reproduis le texte de Wikipédia qui serait extrait des mémoires
du célèbre cinéaste :
García no era más que un bandido, un canalla, pura y simplemente,
que se proclamaba socialista. En los primeros meses de la guerra había
creado en Madrid, con un pequeño grupo de asesinos, la siniestra Brigada
del amanecer. Por la mañana temprano, penetraban por la fuerza en una
casa burguesa, se llevaban a los hombres “de paseo”, violaban a
las mujeres y robaban cuanto caía al alcance de su mano. García,
a quien los fascistas buscaban ávidamente, era una de las vergüenzas
de la República.
Même si les autres ne les laissent pas de côté, une autre
tchéka « socialiste » va se spécialiser dans la chasse
aux curés. Cette commission électorale permanente est située
dans la rue de Fuencarral et versera autant de sang que les autres. Tout ce
qui ressemble un évêque, curé, moine, religieuse, inscrit
à l’Action Catholique ou simple pratiquant va être traqué
et subir toutes sortes de vexations, tortures, viols et assassinats. Mais on
ne s’arrête pas là. Souvent démembrés ou dépecés,
les restes sont jetés dans des « barrancos », laissés
sur place ou enterrés sommairement à même la terre. Il y
eu le cas horrible de Eusebio Cortés Puigdengolas qui, après avoir
été assassiné et dépecé dans la tchéka
de Sant Elies à Barcelone, les morceaux furent jetés aux cochons.
L’auteur de ces faits ricana en disant : - "nous mangerons du chorizo
au goût de curé"- Le même sort subira la religieuse
Apolonia Lizárraga.
Mais tchéka ou pas, les catholiques subir vont subir une chasse impitoyable.
Les gauches leur vouent une haine féroce. Pour eux, catholique égal
ennemi de la République (Eux auraient pu penser la même chose mais
inversement) Soupçonnés d’appartenir à la cinquième
colonne et de tous les vices de la terre. Ils vont subir ce qu’on peut
estimer la plus grande persécution de tous les temps.
Il y a-t-il intérêt d’énumérer toutes
les tchékas avec le nom des dirigeants ? Elles ont presque toutes eu
comme chefs des gens de la pègre, mais est-ce que cela enlève
la responsabilité aux différents ministères et différents
gouvernements ? C'est eux qui bénéficièrent de tous les
vols, spoliations, réquisitions chez les bourgeois, le pillage des églises
et de tous ceux qui les fréquentaient. Ils disaient que tout cela aurait
servi à payer les armes que Staline voulait bien leur fournir, mais....
et les chargements qui passèrent la frontière française
en février 1939 ? Ils n’étaient pas partis chez Staline,
ceux-là ! La moitié de cet immense trésor fut récupéré
par Indalecio Prieto au Mexique, le reste resta en France dans les mains des
membres du gouvernement républicain en exil. Il devait servir, selon
leurs belles paroles, à aider les réfugiés espagnols. Mais
les réfugiés républicains, comme mon père et tous
ceux qui durent accepter un emploi d'ouvrier agricole pour sortir des barbelés
d'Argelès et d'ailleurs, qui avaient tout donné et tout perdu,
n'en reçurent le moindre soupçon de commencement du début
d'une petite aide. Les dirigeants des gauches espagnoles de l'époque,
se convertirent en d'ignobles receleurs, oubliant complètement tous ces
pauvres gens qui s'étaient battus pour des idées qu'ils avaient
réussi à leur inculquer.
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Description de quelques tchékas
Chaque prisonnier (e) était d'abord frappé (e), déshabillé
(e) et humilié (e), puis torturé de façons différentes.
Un français, appelé Alphonse Laurencic va d'ailleurs mettre ses
"talents" au service des tortionnaires. Il se charge de décorer
des cellules spéciales pour perturber l'équilibre mental des prisonniers
et créé des obsessions visuelles. A ses figures géométriques,
des illusions optiques - qu'il a copiées de Kansdisky, Moholy-Nagy et
autres – vont être ajoutés des jeux de lumière et
des sons à percer les tympans. Ces geôles d'un mètre sur
deux et deux mètres de hauteur, vont être tantôt surchauffées,
tantôt arrosées d'eau glacées. Pour si cela ne suffisait,
des lampes de très fort voltage s'allument à quelques centimètres
de leurs yeux. Les malheureux ne tiennent pas longtemps et tombent de fatigue,
de maladie ou deviennent fous.
Garcia Atadell.
Français de parents autrichiens
Une victime passée par les "chécas"
Le S I M aménage d'autres cachots de sorte que le prisonnier ne puisse
ni marcher, ni se coucher ni s'asseoir. Le sol est parsemé de débris
de briques et une sorte de banc de ciment, où il pourrait être
tenté de se coucher, est incliné de façon que, s'il s'endort,
il tombe sur les morceaux de briques. De temps en temps un "gardien"
rentre et le matraque. D'autres fois, et là les bourreaux y trouvent
un malin plaisir, ils sortent les captifs et font un simulacre d'exécution,
jouissant de la terreur qu'ils inspirent.
Les russes vont "améliorer" s'il était possible ces
antichambres de la mort. Leurs compartiments sont plus petits, les murs incrustés
de tessons de bouteilles et les plafonds vont descendre jusqu'à ce que
le prisonnier ne puisse tenir debout.
Les plus costauds seront rapidement anéantis. Enfermés dans les
"chambres froides", ils sont arrosés d'eau glacée pendant
des heures et des heures. Puis il y a la "chaise électrique"
dont la différence avec celle des États-Unis est qu'elle ne provoque
pas entièrement la mort.
D'autres encore vont avoir des murs convexes de façon à ce que
le détenu ne puisse pas s'asseoir. Les sols, où l'on avait scellé
des casseaux de briques empêchaient la moindre marche.
Il y avait aussi la boîte à bruit, pas plus grande qu'une armoire
et où les pauvres devaient subir des bruits de cloches assourdissants
pendant des heures.
Il faut ajouter un petit détail,- la fierté d’Alphonse
Laurencic- grâce à lui, une des Tcheka avait été
dotée de WC et lavabos. C’était celle de la rue de
Zaragoza. Par déduction, les autres n’en avaient pas.
Tous avaient fini par avouer. Qu’avaient-ils avoué ? Tout et n'importe
quoi, même ce qui ne leur avait pas été demandé.
Autre détail : soit par peur d’être punis un jour, soit parce-que
les bourreaux considéraient tous ces gens "ennemis" de la république,
personne ne prit le temps ni de les compter, ni de prendre leurs identités.
Evidemment, toutes ces atrocités ont été, et sont, violement
démenties et les auteurs trainés dans la boue ! Pensez ! Ce sont
des témoignages de fachos ! Et il n'y a plus de discussion possible !
Je vous conseille d'aller voir cette page :
https://www.elmundo.es/cronica/2018/02/16/a80598abca4741de238b460c.html.
(Je n ai pas pu réparer le lien)
Vous y trouverez des précisions sur Alphonse
Laurencic
En cours de construction. Revenez...................