LES INTELLECTUELS ET
LA GUERRE D'ESPAGNE
Une polémique s'est centrée,
sur le nombre d'intellectuels qui appuya tel ou tel camp. Ceci n'est valable
que pour les intellectuels, car pour l'homme de la rue, il est clair que pratiquement
tous se rangèrent du côté des Républicains. "On"
s'est assez chargé de lui inculquer cette idée.
A l'étranger, l'immense majorité paria pour les révolutionnaires,
mais la critique de ORTEGA Y GASSET était dans le vrai : cette immense
majorité d'intellectuels ignorait tout sur l'Espagne et faisait crédit
aux produits de la propagande du Komintern dirigée par le "génial",
à sa façon, WILLI MÜNZENBERG.
Un plus grand poids pourrait avoir l'attitude des intellectuels espagnols, que
la gauche a présenté comme identifiés au "peuple"
c'est-à-dire aux révolutionnaires. Et c'est que les "nacionales"
étaient moins experts et quelque peu réticents à organiser
de telles campagnes, convaincus qu'ils étaient de sauver l'Espagne à
travers cette "croisade".
Les expressions de MILLAN ASTRAY dans son incident avec UNAMUNO n'étaient
pas seulement le reflet d'une sorte de brutalité de légionnaire,
mais celui d'un malaise très étendu dans les milieux conservateurs
envers les intellectuels qu'ils avaient tendance à considérer
majoritairement comme des démagogues et agents du "mensonge révolutionnaire".
Les gauches purent compter sur des personnages aussi notoires comme PICASSO,
ANTONIO MACHADO, BERGAMIN, ALBERTI, MIGUEL HERNANDEZ, BUNUEL, LEON FELIPE, SENDER,
BAREA, SANCHEZ ALBORNOZ et beaucoup d'autres.
On "oublie" que les rebelles reçurent un appui intellectuel
non moins important que leurs adversaires et à différents degrés,
de personnages les plus remarquables de la pensée, comme ORTEGA Y GASSET,
UNAMUNO (au moins au début) D'ORS, GARCIA MORENTE, MAEZTU, le patriarche
des historiens, MENENDEZ PINAL, etc. d'écrivains célèbres
comme le prix nobel BENAVENTE, AZORIN, PIO BAROJA, ROSALES, PEMÁN, MANUEL
MACHADO, PEREZ DE AYALA et beaucoup d'autres. D'artistes comme DALI, GUTIERREZ
SOLANA, SERT, ZULOAGA et d'autres; des principaux intellectuels basques et catalans
( A part de ceux déjà cités, PLA, VALLS TABERNER, AGUSTI
etc. et des Galiciens FERNANDEZ FLOREZ, CAMBA, RISCO, et d'autres. L'historien
CUENCA TORIBIO montre comment la jeune génération intellectuelle
qui était en train d'éclore opta majoritairement pour le camp
rebelle ou national : FOXÁ, SANCHEZ MAZAS, RIDRUEJO, LAIN, NEVILLE, TORRENTE
BALLESTER, TOVAR, MONTES, CELA, VICTOR DE LA CERNA, CUNQUEIRO, MOURLANE, le
maître RODRIGO etc.
On s'est beaucoup attaché à
montrer les assassinats perpétrés par les "fascites"
et en particulier celui de GARCIA LORCA, emblème des martyrs du fascisme,
on le fait beaucoup moins -pour ne pas dire qu'on ne fait pas du tout, bien
au contraire- pour signaler ceux qui le furent par les "humanistes"
de gauche. Les intellectuels d' ACCION ESPAÑOLA furent littéralement
massacrés ; en plus de MAEZTU, on pourrait compter PRADERA, GARCIA VIALLADA,
A. BERMUDEZ – CAÑETE, J. REINA, A. ALCALA- GALIANO, F. SANTANDER,
GARCIA DE LA HERRAN, M. BUENO pour les principaux. Ceci sans chiffrer ceux qui
le furent parce qu'ils s'étaient impliqués dans la politique comme
JOSE ANTONIO, LEDESMA RAMOS, VICTOR PRADERA etc..etc.
Tout ceci reflétait une Espagne intellectuelle vraiment coupée
en deux et non, comme on s'est appliqué à le faire croire, l'intelligence
d'un côté et la force brutale de l'autre; le progrès et
la lumière côté républicain, la répression
et l'obscurantisme côté "fasciste". Ce mot d'ailleurs
si facilement lâché, coupe court à lui seul à toute
discussion enrichissante.
Du même auteur: http://persecution-religieuse.la-guerre-d-espagne.net
un site sur la persécution religieuse depuis 1931 et pendant la guerre
civile d'Espagne